Se former et former à l’analyse des pluies extrêmes et des courbes intensité-durée-fréquence en Afrique de l’Ouest

Se former et former à l’analyse des pluies extrêmes et des courbes intensité-durée-fréquence en Afrique de l’Ouest

Du fait de l’intensification du cycle hydrologique en Afrique de l’Ouest qui opère depuis plus de 30 ans en accentuant la fréquence des pluies extrêmes et des inondations, le projet Cycle de l’Eau et Changement Climatique soutient un axe de recherche dédié à l’estimation des trajectoires hydro-climatiques et la mise en place d’outils d’aide à la décision pour intégrer ces trajectoires dans la gestion opérationnelle des risques hydrologiques.

Dans ce cadre, l’Institut des Géosciences de l’Environnement a rassemblé du 4 au 12 mars 2024 une équipe de chercheurs et opérationnels sénégalais (Univ. Ziguinchor, ANACIM), béninois (Univ. Abomey Calavi), nigériens (Centre Régional AGHRYMET) et français (IGE) dans le but de construire une formation sur les méthodes de génération des courbes Intensité-Durée-Fréquence (IDF)[1] en Afrique de l’Ouest.

Il s’agissait d’une part de mettre à niveau les futurs formateurs sur cet outil d’hydrologie statistique utilisé pour dimensionner les ouvrages hydrauliques de protection contre les inondations et dont la demande en Afrique de l’Ouest est particulièrement forte[2]. D’autre part l’objectif était de construire ensemble la démarche et le contenu pédagogique qui constitueront la formation dédiée à un public large d’ingénieurs, opérationnels et académiques ouest-africains.

Ce cercle de collaborateurs créé sur le long terme dans la dynamique des projets AMMA, AMMA2050 et du LMI REZOC a déjà à son actif plusieurs travaux et publications communs sur le sujet des pluies extrêmes et des courbes IDF. En revanche tous les participants ne se connaissaient pas notamment entre le Bénin, le Sénégal et le Niger. Cet atelier a donc aussi permis de forger une équipe d’experts régionaux qui aura toute la latitude pour dispenser la formation ainsi créée dans les institutions opérationnelles et universitaires des pays de la sous-région.

Le rendez-vous a été pris pour une première réalisation de la formation à l’ANACIM au Sénégal courant du mois de mai 2024.

[1] Les courbes intensité-durée-fréquence sont un outil utilisé en ingénierie hydrologique pour représenter de façon synthétique l’intensité de la pluie en fonction de sa durée et de sa probabilité d’occurrence (ou période de retour). Ces informations sont précieuses pour dimensionner des ouvrages hydrauliques de gestion des écoulements en rivière ou en milieu urbain notamment pour limiter le risque inondation.

[2] En Afrique de l’Ouest les courbes intensité-durée-fréquence sont rares ou ont été réalisées dans les années 70-80 dans un climat qui ne correspond plus aux conditions pluviométriques actuelles puisque la fréquence des pluies extrêmes a triplé en 30 ans. La demande pour produire des courbes IDF et les mettre à jour avec les données pluviométriques et les connaissances climatologiques récentes est forte. Elle nécessite aussi de faire monter en compétence les chercheurs, ingénieurs et opérationnels en charge de la gestion des risques hydrologiques afin qu’ils s’approprient les méthodes statistiques associées et puissent valoriser la donnée pluviométrique disponible dans la région.

Texte de l’article : Théo Vischel

Chrystelle Negron

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