Zones cibles du projet CECC

Sahel 

Le réchauffement climatique a un impact profond sur le cycle de l’eau en Afrique sub-saharienne et notamment au Sahel, affectant toutes ses composantes (pluie, ruissellement, recharge des nappes), à toutes les échelles qui comptent pour l’activité humaine. Un exemple récent de ces modifications en profondeurs est la mise en évidence d’une hausse continue de la proportion de la pluie annuelle générée par des pluies intenses, dans cette région, alors même que l’occurrence des pluies continue à être déficitaire par rapport à ce qu’elle était lors des deux décennies humides 1950-1970.

Les conséquences les plus immédiates de ces évolutions hydro-climatiques sont, d’une part, une forte augmentation des inondations meurtrières et, d’autre part, le maintien d’un aléa fort sur les rendements agricoles, même en année globalement propice, comme on l’a vu en 2020 au Niger avec des poches de sècheresse et de faibles récoltes. Inondations et pénuries alimentaires constituent autant de chocs, au Sahel, générant des déplacements de populations qui peuvent se muer en migrations plus lointaines et pérennes lorsqu’ils se produisent à intervalles rapprochés.

Avec la population augmentent aussi les besoins énergétiques et alimentaires, ainsi que la vulnérabilité aux inondations et aux sécheresses. Le potentiel des ressources en eau est encore très important: de production hydroélectrique sur de nombreux fleuves équatoriaux dont le Congo, et de production alimentaire dans les bassins du Sénégal et du Niger en particulier. Mais dans le contexte actuel, une meilleure connaissance des ressources dans cette région devient critique à la fois pour optimiser leur mobilisation et leur répartition entre ces usages, et pour protéger les populations des risques climatiques.

Bassin du fleuve Niger :

Le bassin du Fleuve Niger, 4ème plus grand bassin d’Afrique, s’étend sur une superficie de 2,2 millions de km2 et dans neuf pays de l’Afrique de l’Ouest : l’Algérie, le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Mali, le Niger, le Nigéria et le Tchad. Ce bassin est tout particulièrement vulnérable aux changements climatiques. Le fleuve et ses affluents font l’objet d’une gestion concertée par l’Autorité du Bassin du Niger, regroupant les neuf Etats riverains du Fleuve. Ce fleuve revêt une importance notable pour de nombreuses activités économiques et agricoles, pour l’alimentation en eau potable et la production d’hydro-électricité : il fait en conséquence l’objet de nombreuses recherches, portant notamment sur l’évolution des ressources en eau, les crues du fleuve et son aménagement. La baisse durable des pluies dans toute la région Sahélienne depuis 1970 a entraîné des modifications de régime du fleuve, tout au long de son cours (chute du niveau des nappes dans les régions humides, intensification des coefficients d’écoulement dans les régions sahéliennes). 

Niamey (Niger) : 

La ville de Niamey, capitale du Niger, peuplée de 1,8 millions d’habitants se situe sur le Fleuve Niger. La ville est, depuis maintenant plusieurs années, touchée par des inondations annuelles, destructrices. Ces inondations ont généralement lieu lors de la saison des pluies (Juin – Septembre), particulièrement au mois d’Août, lorsque les pluies sont abondantes et peu espacées. En parallèle, la ville subit aussi des inondations en saison sèche, liées à la crue du Fleuve, généralement durant les mois de Décembre et Janvier. 

En 2020, la ville a été touchée par des pluies diluviennes, et plusieurs quartiers de la capitale se sont retrouvés engloutis par les eaux. Ces pluies ont engendré près de 50 000 sinistrés (chiffres du MAH/GC) et de nombreux foyers ont perdu leurs habitations, leurs cultures et leurs bétails. 

 

Vallée du Fleuve Sénégal : 

Le Fleuve Sénégal s’étend sur 1750 km et traverse le Mali, la Mauritanie et le Sénégal. Son bassin couvre environ 337 000 km2 et s’étend, au-delà des trois pays du Fleuve, jusqu’en Guinée. Le régime du fleuve Sénégal est irrégulier et dépend des pluies de mousson, le bassin se situe de fait dans une zone climatique semi-aride, avec des précipitation irrégulières. En 1972, les Etats riverains du Fleuve ont créé l’OMVS (Organisation de la mise en valeur du fleuve Sénégal) visant à valoriser le fleuve et exploiter rationnellement ses ressources, dans le cadre de la GIRE. 

 

 Dakar (Sénégal) :

La ville de Dakar est la capitale de la République du Sénégal, son agglomération compte plus de 3 millions d’habitants. Dakar s’est très rapidement développée, et est passée de 400 000 habitants en 1970 à plus de 3 millions d’habitants en 2018, sous l’effet des migrations depuis les campagnes et de l’accroissement naturel. La ville est régulièrement touchée par de fortes inondations, lors de la saison annuelle des pluies, causant des dommages importants sur les infrastructures publiques et menaçant la santé des populations, notamment des plus démunis.

Andes :

Comme observé en Afrique de l’Ouest, une intensification du régime hydrologique a été documentée en Amérique du Sud tropicale. Dans le bassin de l’Amazone, la fréquence des inondations extrêmes est passée de 1/20 ans avant les années 1970s à 1/4 ans après les années 1990s. Cette intensification est particulièrement remarquable dans le nord-ouest du bassin, particulièrement dans la région Andino-Amazonienne de la Colombie, l’Équateur et le nord de l’Amazonie Péruvienne. Ces inondations ont fortement impacté les populations, en Amazonie et dans le piedmont Andin, par exemple à Mocoa (Colombie) en 2017 ou à Cuzco (Pérou) en 2010, entre autres.

Depuis le début du 21ème siècle, une augmentation des flux d’humidité provenant de l’Atlantique et la Mer Caraïbe a été constatée, modifiant les principaux mécanismes climatiques associées à la variabilité interannuelle des précipitations dans les Andes Centrales et l’Altiplano Péruano-Bolivien. Ce changement rend plus compliquée la prévision opérationnelle des événements climatiques extrêmes ainsi que leur projection future dans le cadre du changement climatique.

En revanche, dans le sud du bassin Amazonien, on assiste à un élargissement de la saison sèche et à une diminution de la précipitation et des débits des fleuves. Le réchauffement climatique, d’un côté, et la dégradation de la forêt Amazonienne, de l’autre, sont une véritable menace pour la sécurité alimentaire et énergétique des pays andins.

Un certain nombre des bassin versants les plus menacés par les changements futurs, s’étendent sur plusieurs pays Andins. Par conséquent, élaborer une vision intégrée des trajectoires hydroclimatiques dans cette région est une nécessité pour les décideurs et les gestionnaires. D’un point de vue opérationnel, la prévision et la gestion des risques hydroclimatiques est aussi un défi dans ce contexte régional.

Lac Titicaca : 

Le lac Titicaca se situe dans la cordillère des Andes, à 3 812 mètres au-dessus du niveau de la mer, et s’étend sur environ 8 562 km2, parmi lesquels 4 772 km2 (56 %) correspondent au territoire péruvien et le reste (3 790 km2, ou 44 %) à la Bolivie. C’est le plus grand lac d’Amérique du Sud en termes de volume d’eau et en longueur (190 km). Il est au centre d’un grand bassin ayant une superficie de l’ordre de 58 000 km2, dont 39 017 km2 au Pérou, appartenant ainsi à plus de 80% au territoire péruvien. Le bassin versant se subdivise en dix sous-bassins. Plus de vingt-cinq rivières se jettent dans le lac Titicaca et il compte 41 îles dont certaines sont habitées.

Le lac Titicaca est rempli d’eaux provenant du ruissellement pluvial et de la fonte des neiges. Depuis le , il est classé comme site Ramsar pour l’importance de ses zones humides.

 

Bassin du haut Béni : 

Le río Beni est une rivière de l’ouest de la Bolivie qui se joint au río Mamoré pour former le río Madeira, principal affluent de l’Amazone. Son bassin recouvre une superficie de plus de 283 000 km2 (y compris les bassins de tous ses affluents). Il s’étend en Bolivie et au Pérou.

Le Beni naît sur le versant oriental de la Cordillère des Andes de la jonction de multiples rivières qui descendent de la montagne.

Le bassin supérieur du Beni est complexe car constitué d’un éventail de rivières comparables qui changent de nom à chaque confluent important. Par ailleurs la pluviométrie et l’écoulement sont très hétérogènes entre les hautes vallées andines relativement sèches (de 600 à 1000 mm de pluie par an) et le versant de la montagne (Yungas) qui prend de plein fouet l’humidité qui vient de l’Amazonie (de 4 à 6 mètres de pluie par an). En conséquence, les torrents qui constituent le cours supérieur du Beni grossissent considérablement en quelques dizaines de kilomètres en sortant de la montagne. L’érosion y est l’une des plus actives du bassin de Amazone.